La France, principal investisseur européen des startups early stage

Souhaitée par le pouvoir exécutif, la France « startup nation » prend forme. Le pays s’adjuge même la première place du podium européen en termes d’investissements portant sur les jeunes pousses en phase d’early stage. Une situation inédite et des plus encourageantes pour l’avenir.

 

La France, championne européenne du financement de startups

L’écosystème des startups est divisé en plusieurs catégories, à rapprocher de leur stade de développement ou de maturité : les startups en hyper croissance – growth stage -, les scaleups qui sont en phase intermédiaire et les jeunes pousses qui se développent, les early stage.

Le Web Summit qui s’est tenu en novembre 2018 a justement fait la lumière sur les startups early stage. L’occasion pour trois acteurs de la sphère tech et digital, Stripe, Tech.eu et Techstars, de mener une enquête sur l’état de santé des levées de fonds pour ces jeunes pousses.

Et le résultat est inédit pour la France puisque le pays devient le premier investisseur  startup d’Europe. Bien devant le leader historique de l’activité, à savoir le Royaume-Uni.

Il faut dire que l’Hexagone profite à la fois d’une volonté politique du nouveau président qui a maintes fois appelé de ses vœux à voir la naissance d’une startup nation et de l’autre d’un contexte européen désormais dynamique. Le capital total investi par l’activité d’angel investissement a bondi de 36% entre 2016 et 2017, passant de 14,3 milliards d’euros de levées de fonds à 19 milliards d’euros. Les fonds d’investissements pour startups se sont montrés spécialement attirés par les early stage, avec des investissements trimestriels qui ont été multipliés par quatre en une année à peine, passant de 875 millions d’euros à 3,6 milliards.

La France qui est à la baguette de près d’un quart (24,04%) du financement total européen de startups early stage bat à plate couture le grand rival du secteur, le Royaume-Uni. Si en termes de montant, la France se hisse sur la deuxième place du podium, elle est en revanche loin devant au niveau du nombre de startups financées avec 1340 early stage contre 1147. Et la dynamique est d’autant plus marquée lorsque l’on se penche sur l’activité des fonds d’investissement pour startup à chaque trimestre : on comptait à peine 35 tours de tables par trimestre avant 2017 et plus de 150 levées de fonds depuis.

Dans ce contexte, les startups de la fin tech et de la medtech – finance et médical – réunissent le maximum de fonds. Il faut dire qu’elles présentent un profil idéal entre faibles coûts de fonctionnement d’un côté et forte attractivité de leur offre de l’autre. Monzo, N26, Spendesk et Doctolib sont des pépites frenchies qui performent sur leur marché. A l’arrivée, le medtech et la fintech se sont accaparés plus de 2,3 milliards d’investissement pour l’un et 2 milliards d’euros pour l’autre en une année seulement.

 

Le financement de startup en France, un créneau essentiel

Le secteur de l’angel investissement français a nettement fait évoluer ses pratiques. Car si les jeunes pousses early stage ne l’intéressaient pas outre mesure, la donne a considérablement changé. Ces jeunes pousses qui sont dans les toutes premières phases de leur développement ont besoin de soutien financier solide et pérenne. C’est même le moteur de leur existence après l’innovation. Impossible pour un pays d’espérer développer tout un pan de son économie sans liquidités. Guillaume Princen, le DG Europe de Stripe – acteur du paiement en ligne – se réjouit de cette embellie : « L’explosion des montants investis dans les startup early stage est une excellente nouvelle pour la vitalité de l’économie européenne. Nous assistons aujourd’hui à la naissance d’une nouvelle génération d’entreprises technologiques compétitives à l’échelle mondiale, notamment en France, en Allemagne, et en Suède. Le Royaume-Uni n’est plus seul »

 

Il semble que la France ait bel et bien saisi tout l’enjeu que représentent les montées de capital. Le pays participe ainsi activement à la création d’un hub européen comme le mentionne Robin Wauters, cofondateur du site d’information techy Tech.eu : « Au moment où nous avons lancé Tech.eu il y a cinq ans, l’activité des startups technologiques en Europe était en train d’éclore. Ce rapport montre que le dynamisme de l’époque n’a fait qu’augmenter depuis : des hubs clés comme Londres, Paris, Berlin et Stockholm se sont progressivement constitués, grâce à la maturité des écosystèmes en Europe et à un terrain favorable, prêts à accueillir une nouvelle génération d’entrepreneurs ambitieux ».